Chaque série son chapitre, chaque œuvre son histoire

La première réaction est souvent un « wow ». Devant les couleurs éclatantes, le regard s’arrête, surpris, happé par l’énergie. Puis vient la curiosité : ce ne sont pas des coups de pinceau, mais bien des bouts de papier découpés, collés, minutieusement assemblés. L’œil suit les textures, les détails et tombe sur le titre. Celui-ci est hors du commun, il ne s’agit pas d’une invention poétique, mais d’une référence directe à un article de presse.

Et alors, une histoire se déploie. Pas une histoire inventée, mais une réalité. Une réalité environnementale, troublante, souvent méconnue, parfois alarmante.

C’est ainsi que chaque œuvre de Chantal Davignon fonctionne : un nouveau chapitre dans le long roman de l’humain vs la nature.

On vous invite à voir, à comprendre et à ressentir.

Des marécages perdus dans l’or

Prenons l’exemple de l’œuvre Hebdo Rive-Nord. Lutte au phragmite. Le travail se poursuit au parc de l’Île-Lebel. 23 mai 2025.
Derrière ses teintes vibrantes, elle raconte une lutte silencieuse : celle menée contre une plante envahissante qui colonise les milieux humides. Le phragmite, en apparence majestueuse, forme des colonies denses qui étouffent la biodiversité. Nous avons ici un écosystème complet qui menace de disparaître.

Les milieux humides sont essentiels : réservoirs de biodiversité, filtres naturels, protections contre les inondations. Mais ils se réduisent, se transforment, s’effritent. Cette œuvre en capture l’urgence, tout en rendant hommage à leur beauté fragile.

Lisez-en plus sur le sujet ici.

Le caribou, un emblème qui s’efface

Puis il y a la série sur les caribous.
L’œuvre La Presse. L’incessant déclin du caribou. 3 février 2022. #2 résonne particulièrement. L’œuvre juxtapose des couleurs joyeuses à une réalité sombre. Elle met en lumière ce contraste : la beauté visuelle qui attire, et la vérité écologique qui bouscule.

32 est l’estimation du nombre de caribous montagnards en Gaspésie, selon le plus récent inventaire. Un chiffre qui traduit une disparition en cours. Voir l’article ici.

Le caribou, animal emblématique, celui qui orne encore nos 25 cents, est devenu un symbole nostalgique. Combien d’entre nous peuvent dire en avoir vu un de leurs propres yeux ? 

Les baleines et le krill disparu

Enfin, parmi la série sur les baleines, l’œuvre Geo.fr. Le krill déserte l’océan Austral à cause du réchauffement climatique. 24 janvier 2019. est particulièrement éloquente.
Derrière les teintes acides, le titre dévoile une alarme : le krill, nourriture essentielle des baleines, se déplace vers des zones plus froides, conséquence directe du réchauffement et de la fonte des glaces.

Chaque été, des familles entières vont observer les baleines au large du Québec. Leur souffle à l’horizon est un émerveillement. Mais derrière ce spectacle se cache une fragilité immense, une dépendance invisible à un minuscule crustacé. En touchant au krill, c’est tout l’équilibre océanique que l’on menace.

Apprenez-en plus ici.

Un dénominateur commun

Ces trois exemples — les marécages, le caribou, les baleines — pourraient sembler séparés. Pourtant, ils partagent un dénominateur commun : l’activité humaine et ses conséquences sur l’environnement.
Coupe des forêts, réchauffement climatique, destruction des habitats, introduction d’espèces envahissantes : les phénomènes diffèrent, mais la racine est la même.

Pourtant, les œuvres de Chantal Davignon n’accusent pas. Elles n’imposent ni culpabilité ni injonction. Elles invitent à écouter, à observer, à réfléchir. Elles transforment des articles en œuvres qui suscitent l’émotion, la curiosité et, parfois, l’envie d’agir.

Un art pour collectionner les histoires

Chaque série ouvre donc un chapitre différent, mais tous appartiennent à la même histoire : celle de notre époque.
Celle des menaces environnementales, mais aussi celle des regards que nous posons sur elles.

Ces œuvres portent une double valeur : celle de leur innovation technique et celle de leur profondeur narrative. Elles ne sont pas seulement des images, elles sont des fragments de mémoire collective, des morceaux de conversations à venir.

Les collectionner, c’est participer à cette conversation. C’est préserver, dans le temps, des œuvres qui racontent notre rapport à la nature et à ses fragilités.

👉 Chaque série de Chantal Davignon est un sujet à contempler, un point de départ pour une conversation. Quelle série vous interpelle le plus?

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